Wilden Oche
Nous avons eu l’opportunité de concevoir un fanzine photo et une série d’affiches pour le lancement de l’exposition We Are Your Friends 01 de Rebecca Zephyr Thomas. Merci d’avoir accepté de répondre à nos questions, Rebecca ! Votre travail est inspirant et nous aimerions que notre audience apprenne à mieux vous connaître. Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est un photographe social et documentaire, et pourquoi avez-vous choisi ce style de photographie ?
Rebecca Zephyr Thomas
Un photographe documentaire social capture les interactions humaines dans un cadre social, comme les festivals de musique ou les rassemblements culturels, plutôt que des contextes hautement politiques comme les zones de guerre, par exemple. J’ai été inspirée par le travail de Nan Goldin, qui a photographié le New York underground à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Lorsque je prenais les images du fanzine, j’étais très déterminée à utiliser la photographie de manière authentique, sans artifices : des personnes réelles, dans des environnements réels, en évitant les studios et en privilégiant la lumière naturelle ou un flash direct. J’adorais les clichés des paparazzis hollywoodiens des années 1950 ainsi que les images de piste de danse prises au Studio 54. Ces influences m’ont guidée vers l’idée d’un moment glamour capturé dans un style documentaire, un héritage probable du mouvement grunge des années 1990, avec cette quête d’authenticité brute.
Wilden Oche
We Are Your Friends 01 documente l’Underage Festival de Londres entre 2007 et 2008. Lorsqu’on pense aux festivals de musique, on imagine souvent une ambiance un peu chaotique, parfois même désordonnée. Pouvez-vous nous parler de l’Underage Festival et de ce qui vous a marqué ?
Rebecca Zephyr Thomas
C’était un festival très pur, presque onirique et plein de fraîcheur. Peu d’adultes étaient autorisés à circuler dans le festival lui-même ; seuls ceux qui y travaillaient directement pouvaient y accéder. Les amis des organisateurs, s’ils avaient plus de 18 ans, pouvaient se retrouver dans l’espace VIP en coulisses, mais ne pouvaient pas se promener sur le site principal. J’ai eu la chance de pouvoir faire les deux. Il n’y avait pas d’alcool en vente, sauf dans la zone VIP réservée aux adultes, ce qui donnait au festival une ambiance très saine. Bien sûr, les adolescents débordent d’énergie, et on pouvait sentir leur enthousiasme.
Wilden Oche
Vous avez repoussé les limites en nous impliquant non seulement dans la conception du fanzine, mais aussi dans celle des affiches exposées à Londres. Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est exactement We Are Your Friends 01 et quelle est votre vision derrière cette approche ?
Rebecca Zephyr Thomas
Je voulais faire découvrir une partie de mes archives à un large public : ceux qui ont assisté au festival, ceux qui se souviennent de la fin des années 2000, ou simplement ceux qui s’intéressent à la musique et à la mode de cette époque. Je souhaitais une esthétique cohérente pour le fanzine et les affiches, et Wilden Oche a su la concrétiser avec brio. Le design des affiches est percutant sans éclipser les images. L’un des premiers éléments sur lesquels nous avons travaillé était le logo du titre, puisqu’il apparaîtrait sur la couverture du fanzine, les affiches et d’autres supports comme des cartes postales et des communiqués de presse. Je voulais au départ quelque chose d’inspiré des typographies de Barbara Kruger, et Wilden Oche a développé un logo à partir de cette idée, en l’élevant bien au-delà de ce que j’avais imaginé !
Wilden Oche
Quel appareil photo avez-vous utilisé pour documenter le festival ? En comparant les années 2007 et 2008 à aujourd’hui, où chacun peut capturer presque n’importe quel moment grâce aux smartphones, où pensez-vous que réside le véritable génie du photographe ? Et s’agit-il vraiment de rapidité ?
Rebecca Zephyr Thomas
J’ai utilisé un vieux Nikomat des années 1970, un appareil entièrement manuel, tant pour la mise au point que pour les réglages. Il me semble que j’ai aussi utilisé un posemètre externe lors du festival, pour vérifier l’exposition avant chaque prise de vue, car je ne voulais pas gaspiller de pellicule ! Photographier l’événement en 35 mm a donné aux images une intemporalité qu’un petit appareil numérique n’aurait pas pu offrir.
Wilden Oche
Vous êtes née en Nouvelle-Zélande et vivez actuellement à Londres. Vous avez également travaillé sur des projets aux États-Unis et en Europe. Qu’est-ce qui distingue la scène créative, en particulier photographique, à Londres ?
Rebecca Zephyr Thomas
Londres est un véritable foyer de la culture jeunesse avant-gardiste, des contre-cultures et des créateurs de mode émergents. Je pense que la mode et les arts à Londres ont une audace que l’on ne retrouve pas forcément ailleurs. C’est aussi une ville cosmopolite où se rencontrent des talents du monde entier, et elle abrite certaines des écoles d’art et de mode les plus prestigieuses. Tout cela nourrit une scène créative incroyablement riche.